Dans le rouge

Par Laurie Penny

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Illustrations de Molly Crabapple

Traduction de Line Merrette
On peut voir la collaboration passée de Molly et de Laurie au sujet des manifestations anti-OTAN ici (en anglais)

©2012 Laurie Penny (texte), Molly Crabapple (illustrations)

Déjà un an! L’article original in English est ici Dans le Rouge.

Le slogan est « Carrément dans le rouge », une allusion au fait d’être couvert de dettes. C’est pour cela que des centaines de milliers d’étudiants et de syndiqués qui participent à la grève dans le secteur de l’éducation ont adopté la pratique consistant à épingler un petit carré de tissu rouge à leurs vêtements.

On trouve désormais partout des gens qui le portent, à New York, à Londres, partout où des mouvements étudiants et antiaustérité s’efforcent de se restructurer après des mois de répression policière. Dans le parc de Washington Square, à New York, des centaines de jeunes gens se rassemblent pour une marche de solidarité avec les étudiants du Québec. Ils portent des carrés rouges épinglés à leur sac, cousus à leur chemise, suspendus à leurs lobes comme boucles d’oreilles et dessinés sur leur visage. Si vous n’avez pas de carré rouge, une jeune femme munie d’une pièce de feutrine et de ciseaux à bricolage s’empressera avec zèle de vous en tailler un pendant que vous marchez tous deux entre deux rangs de policiers du NYPD à motocyclette.

Il se passe quelque chose d’important au Québec. En cette ère de stimulation visuelle incessante, les mouvements de protestation modernes ont jusqu’à maintenant évité l’imagerie mignonne, mais le carré rouge a une histoire. Il plonge ses racines dans le mouvement ouvrier québécois d’il y a plus d’une décennie et a été adopté par l’aile militante du mouvement revendicateur étudiant. Mais depuis quelques semaines, quelques mois, il a été largement adopté par tous les étudiants en grève et leurs partisans autour du monde alors que la violence policière et les lois antimanifestations répressives ont attiré l’attention du monde entier sur le mouvement.

Depuis février, des étudiants de tout le Québec sont en grève pour protester contre une hausse prévue des droits de scolarité, qui sont actuellement les plus bas au Canada. Le gouvernement provincial s’apprête à les augmenter d’une somme pouvant aller de 1 810 $ à 4 700 $. Des milliers de personnes ont marché dans les rues de Montréal pendant plus de 40 soirées consécutives, malgré la pluie tempérée canadienne qui les trempait périodiquement, dont la température rafraîchissante est celle de l’urine tiède. Ce nombre atteint fréquemment les dizaines de milliers de personnes et le mouvement ne cesse de croître. Le mois dernier, le gouvernement Charest a fait adopter à la valeur la loi 78 (une « loi spéciale »), qui contient des mesures draconiennes contre les rassemblements publics. Amnistie internationale les a rapidement condamnées comme étant des « violations des obligations internationales du Canada en matière de droits de la personne ».

Malheureusement pour le premier ministre Charest, cette tentative de mettre fin aux manifestations a eu exactement l’effet inverse. Depuis, durant les manifestations dans les quartiers, des retraités et des enfants se joignent aux étudiants pour tambouriner sur des casseroles. Les casseroles sont un signe de défi adopté à l’exemple du Chili où, dans les années 1970, les travailleurs frappaient sur leur batterie de cuisine vide dans les rues pour montrer qu’ils n’avaient rien à manger.

Maxence Valade porte un carré rouge. Nous nous rencontrons au local de son syndicat étudiant après une réunion sur les prochaines actions. Il a 20 ans et porte un pantalon de surplus militaire et la barbe négligée classique des finissants de collège. Lorsque je lui demande pourquoi il continue à faire la grève, il me donne une réponse qui s’étire, dans laquelle il est question de l’hégémonie néolibérale et des effets de la recherche du profit sur les études supérieures. Il pourrait être n’importe quel étudiant de l’hémisphère Nord si ce n’était de son œil gauche, qui a été détruit par un tir il y a trois semaines durant une manifestation.

À l’endroit où se trouvait l’œil de Maxence, il y a maintenant un trou humide rempli de matière translucide. La paupière est enflée et étirée jusqu’à une longue cicatrice violette qui donne l’impression qu’une grosse araignée essaie d’éclore hors de son front. « Des choses merdiques se produisent et alors, vous mourez », dit-il, stoïque. Il préférerait parler du « néolibéralisme » –un mot que presque tout le monde, dans une région où le fait de parler français est un sujet de fierté, prononce en anglais – plutôt que de la manière dont on se sent quand on participe à une manifestation et qu’on reprend connaissance avec un trou sanglant là où, auparavant, il y avait un œil.

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Le 4 mai, durant une manifestation des étudiants à Montréal [NdT : à Victoriaville], la police a utilisé des balles de plastique et d’autres armes contre des manifestants désarmés. Pendant la grève, qui dure déjà depuis plus de trois mois, un nombre non négligeable d’étudiants ont été gravement blessés. Maxence n’est pas le seul qui a perdu un œil et un autre jeune homme est toujours dans le coma après une hémorragie cérébrale. Comme dans bien d’autres pays où les protestations populaires contre les programmes d’austérité et les compressions se sont enflammées depuis quelques années, la brutalité policière est devenue un élément routinier du paysage politique à Montréal. « Ils ont mis au point une foule d’armes à utiliser contre les protestataires pacifiques ainsi que contre les émeutes, explique Maxence. Ils utilisent des bombes fumigènes, des balles de plastique, des matraques et du gaz lacrymogène. Ils chargent souvent les manifestants à cheval et utilisent la prise en souricière, comme au Royaume-Uni. Parfois, ils ont aussi des chiens, ce qui fait vraiment peur. »

Comme bien des jeunes Québécois, Maxence parle un peu anglais, mais s’exprime avec plus de facilité en français, une langue à laquelle il revient chaque fois qu’il a quelque chose d’important à dire. Le fossé culturel et économique qui a longtemps séparé les francophones et les anglophones au Québec, et en particulier à Montréal, est une caractéristique distinctive de ces manifestations. Elles sont assaisonnées d’un sentiment de fierté régionale dans une province dont le gouvernement instaure des changements structurels extrêmement impopulaires tels que le Plan Nord, un programme visant à ouvrir les ressources naturelles du Québec aux investissements étrangers. « Quoique vous fassiez, m’a dit l’écrivaine et activiste Amelia Schonbek, 25 ans, dites que nous sommes des étudiants québécois, pas des étudiants canadiens. »

La tension entre anglophones et francophones a été une source de discorde sociale par le passé, mais bien des protestataires perçoivent le choc linguistique comme « une “caractéristique porteuse” ». Graffité sur le mur du cégep Saint-Laurent où j’ai rencontré Maxence et d’autres personnes après un débat animé du syndicat étudiant, on trouve une strophe du célèbre poème écrit par Michèle Lalonde en 1968, Speak White :

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Cette description de la langue anglaise – « c’est une langue universelle, nous sommes nés pour la comprendre, avec ses mots lacrymogènes, avec ses mots matraques » trace à la peinture fraîche l’histoire de l’asservissement des travailleurs francophones au Québec avant la Révolution tranquille des années 1960. À cette époque, comme maintenant, les bouleversements sociaux dans la province de Québec ont été associés aux changements culturels et aux révolutions en marche dans le monde, tout en conservant un caractère québécois unique. L’une des promesses faites par le nouvel État laïque à l’époque était l’enseignement supérieur gratuit pour tous, et cette promesse n’a pas été oubliée, qui ne peut être oubliée chaque fois que les étudiants scandent « La loi spéciale on s’en câlisse[1] » dans les quartiers de Montréal. Pour paraphrase George W. Bush, il semble y avoir consensus sur le fait que le problème des anglophones est qu’ils n’ont pas de mot pour « en masse ».

Le facteur linguistique n’est qu’un seul des éléments qui viennent compliquer toute compréhension de la grogne au Québec qui ne la verrait que comme un simple rejeton du mouvement Occupy. Le Québec a une longue tradition de grèves étudiantes qui ont permis d’obtenir des concessions du gouvernement; la dernière remonte à 2005. Cette dernière ronde, celle qui a eu le plus d’ampleur et a duré le plus longtemps, était « planifiée depuis 2010 », selon Rushdia Mehdi, une étudiante en géographie qui porte des boucles d’oreille à carré rouge dissimulées sous ses cheveux sombres.

L’une des principales raisons pour lesquelles les étudiants du Québec obtiennent un succès relatif quant à la durabilité du mouvement en dépit des agressions policières est la manière unique dont la grève est structurée. Lorsque les étudiants de Concordia, de McGill et des autres universités ont quitté leurs salles de cours, L’État commence immédiatement à perdre de l’argent pour les honoraires des professeurs et les autres coûts institutionnels. Les syndicats étudiants estiment que le coût total de la grève pour le gouvernement provincial, présence policière y compris, a déjà dépassé le montant espérait percevoir en haussant les frais de scolarité. Pendant ce temps, les étudiants, ayant subi peu de sanctions disciplinaires pour les actions collectives, n’ont pratiquement rien à perdre sauf du temps, la seule chose que les jeunes qui parviennent à l’âge adulte dans un monde d’austérité et de chômage ont en abondance.

La combinaison du rapport de forces politique et des répercussions minimes ont fait qu’au Québec, les grèves étudiantes ont une efficacité directe bien plus grande que celles qu’ont eu, par exemple, en Grande-Bretagne, où les étudiants de l’University College de Londres ont été menacés de se faire imposer des dizaines de milliers de livres en réclamations pour dommages après avoir simplement occupé un petit groupe de salles sur le campus. Le réseau de l’Université de Californie a utilisé la même tactique d’amendes punitives contre les activistes antihausse. Les années antérieures, les étudiants montréalais et du reste de la province ont réussi à obtenir des gels et des annulations de compressions prévues aux programmes de bourses. Ces gains ne sont peut-être pas des révolutions sociales fracassantes, mais suffisent à démontrer à l’État que ce qu’on prétend être la future main-d’œuvre de la classe moyenne est encore un groupe avec lequel il faut compter. « Pour comprendre les grèves de 2012, il faut comprendre la grève de 2005 », souligne Mehdi, qui est active en politique étudiante québécoise depuis près d’une décennie. Rien n’aurait pu cependant la préparer à l’ampleur et à la durée de cette grève, ni à la férocité de l’intervention policière.

Cette fois-ci, contrairement aux années précédentes, le gouvernement du Québec n’est pas prêt à faire des compromis. Le nouvel ordre social postcrise financière est aussi fragile et impitoyable que partout ailleurs au Nord. Les pourparlers qui ont eu lieu récemment avec les porte-parole des syndicats étudiants à Québec, qui étaient censés satisfaire toutes les parties, ont fini en queue de poisson après quelques jours à peine. «  Charest fait le pari que le mouvement de grèves va s’essouffler durant l’été, lorsque les gens vont partir en vacances », explique William Burton, étudiant à la maîtrise à l’Université de Montréal. « Ils vont maintenir la loi 78 en vigueur, les étudiants vont reprendre les cours au cégep et à l’université [et] il va y avoir des confrontations. »

Il semble qu’en 2012, même la plus modérée des réformes sociales libérales a besoin d’un mouvement de rue radical pour se rendre jusqu’à la table de négociations. À New York, tout comme à Montréal, des gens sont battus et arrêtés dans la rue pour n’avoir demandé rien de plus qu’un gel des droits de scolarité correspondant à la stagnation des salaires. Le 4 juin, en regardant cinq policiers du NYPD de taille imposante plaquer un jeune homme qui se tenait paisiblement debout au milieu de la rue, le menotter, le frapper à coups de pied et lui écraser la tête entre les genoux avant de traîner son corps inerte jusqu’à un fourgon de l’escouade anti-émeute, vous auriez pu croire qu’il s’agissait d’un militant armé exigeant le renversement immédiat de l’État bourgeois plutôt qu’un étudiant préoccupé par l’obligation de s’endetter à vie pour financer son avenir.

Certains étudiants commencent à se dire, avec raison, que s’ils doivent se faire arrêter de toute façon, pourquoi ne pas être un peu plus ambitieux. Il est tout aussi facile, après tout, de se faire asperger de poivre de Cayenne pour avoir demandé poliment un gel des droits de scolarité dans un système qui regorge déjà d’iniquités que de se faire ainsi asperger après avoir demandé la gratuité scolaire universelle. À l’aide du « microphone humain », une technique d’appel et réponse, une jeune femme blonde aux cheveux très courts se tenant debout sur un pilier bas a crié « Ceci est une marche de solidarité avec les étudiants du Québec. Nous, les étudiants, ne resterons pas passifs pendant qu’on nous vole notre avenir, qu’on nous endette à vie et qu’on nous refuse une éducation à coût abordable. »

À Montréal, à New York et à Londres, des versions locales de la même crise de l’éducation et de l’emploi sont jouées, avec les mêmes séquences et parfois avec la même esthétique – les capuchons, les mélopées, les jeunes portant des masques de V pour Vendetta, la police équipée comme des chars d’assaut humains faisant face à des adolescents sans armes et réclamant à grands cris une vie une peu meilleure. Autour du monde, les étudiants confrontés au chômage et aux frais sans cesse gonflés demeurent à l’avant-garde des mouvements antiaustérité, et il y a de bonnes raisons pour cela. Premièrement, ils représentent cette même classe moyenne dont l’avenir a justement été confisqué par la relance du capitalisme occidental au sortir de la crise de 2008. Deuxièmement, ce que Maxence Valade appelle la « privatisation néolibérale de l’éducation » touche chacun d’entre nous.

Après tout, existe-t-il pour une culture une méthode plus rapide de courir à sa ruine que de faire en sorte que toute jeune personne intelligente dont les parents ne sont pas superriches devienne un esclave à vie pour dettes? Il existe peut-être pour une société des manières plus sûres de s’appauvrir littéralement et spirituellement qu’en forçant ces gens à aborder l’apprentissage comme un jeton de casino froid et dur à échanger contre la possibilité sans cesse plus mince d’assurer son avenir et en permettant aux mégabanques d’utiliser ces jetons pour créer une deuxième bulle de la dette. Et il existe peut-être des manières plus sûres de baliser un chemin vers un État paranoïaque et violent que l’imposition impulsive de lois antimanifestations qui poussent des communautés entières à sortir dans la rue pour y épancher leur colère. Il existe peut-être des manières plus rapides et plus sûres d’y arriver, mais je n’en vois aucune qui fait tout cela avec une aussi brutale efficacité. Et si vous en connaissez une, je suis impatiente de l’entendre.


[1] NdT : En France, on dirait sans doute « La loi spéciale, on s’en fout! »

Xavier Dolan a raison et Duhaime est perdu au champ droit

Xavier Dolan, ce cinéaste québécois dont tout le monde a au moins entendu le nom, a signé une lettre d’opinion dans le Devoir qui n’a pas plu à Éric Duhaime (yé, j’en suis ravie, soit dit en passant; oups, j’avais écrit Duhaine… c’est bien comme ça que je le vois).

M. Dolan a d’ailleurs riposté au commentaire d’Éric Duhaime.

Des lecteurs n’ont pas aimé.

Monsieur Dolan,

Je suis d’accord avec votre lettre dans Le Devoir. Éric Duhaime et Stephen Harper (qui s’amuse follement à saccager le soutien aux arts et à la culture) voient le cinéma (et, à mon avis, l’art en général) comme un simple divertissement. Erreur!

L’art, et en particulier le cinéma, véhicule des messages parfois très percutants. Par exemple, Costa-Gavras a créé une série de films que j’ai aimés énormément, dont Z,  et qui m’ont révoltée contre l’injustice. On peut aussi penser à la peinture Guernica de Pablo Picasso, une œuvre immense dans tous les sens du mot que j’ai eu la chance de voir à New York avant son retour en Espagne et qui m’a beaucoup marquée.

L’art est l’expression d’une personne, d’une culture, d’une vision du monde, d’une tranche de réalité pour en faire un instantané, une critique… L’art et l’artiste sont les ambassadeurs d’un peuple, communiquent l’image d’une société. C’est pour cela que les drettistes détestent tant les artistes : ce message est parfois très critique, cru, amer, décapant. Et l’art non écrit est accessible à des gens qui ne prendraient pas le temps de lire mais qui prennent le temps de regarder.

Contrairement à ce que semble penser M. Duhaime, pour faire un bon film (comme les vôtres), une peinture ou une sculpture qui sera un chef-d’œuvre, un roman qui fait date (1984!), il faut, comme les philosophes, être en prise directe sur la vie, la réalité, l’actualité. Le créateur, le penseur ne vit pas dans une tour d’ivoire!

On veut nous faire croire que les artistes sont en marge de la société, qu’ils n’y contribuent pas, qu’ils sont des parasites.

Au contraire. L’art, la réflexion critique et tout ce qui est « inutile » selon le terme d’un auteur français – comme ces matières « qui ne procurent aucune perspective d’emploi » qu’on s’obstine à enseigner, au grand chagrin des drettistes! –  sont les caractéristiques humaines qui nous distinguent des robots ou des animaux. L’art humanise la vie.

Mais pour les gens qui vivent dans une logique purement marchande, utilitariste, matérialiste, où tout se monnaie, l’art est un « luxe » réservé aux « élites ». Pour trop de riches, l’œuvre d’art est un simple objet matériel qu’on collectionne, qui prend de la valeur et qu’on revend à profit. Une source de vanité. Et pour tout le reste, l’art est une perte de temps. Au pire, un message subversif qu’il faut éradiquer. Bien des dictatures l’ont compris, qui pourchassent les poètes et romanciers, les essayistes et, je m’en voudrais de ne pas le dire, les journalistes.

Il ne faut pas que les prolétaires décollent le nez du quotidien. Il ne faut pas qu’ils réfléchissent. Surtout, il ne faut pas qu’ils acquièrent des schèmes de pensée articulés, un sens critique, du recul.

Ça dérange la drette. Ça dérange le 1 %.
–

Ajout le 22 juillet 2012 : les banquiers sont pas mal plus près de l’idée que je me fais d’un parasite. Et puis, ce qu’on appelle trop souvent « élite », ce sont les riches, les snobs, les parvenus, le 1 %, ceux et celles pour qui papa-maman avaient les moyens de les envoyer à Harvard, ceux qui «sont assez intelligents et instruits, eux » pour comprendre l’Art! BULLSHIT. L’élite devrait être les meilleures personnes d’une société  – le contraire des plus riches, trop souvent.

From the Translating the Printemps Érable Collective: « Another reason to be outraged » (from Journal Métro)

Note: This is so good, and so important, that I am reposting it, with permission of course.

Here is a Journal Métro‘s  reader’s letter for June 1, 2012, translated into English.

Original French reader’s letter: http://journalmetro.com/opinions/courrier-des-lecteurs/83001/courrier-des-lecteurs-du-1-juin/

The letter is reacting to « Un printemps québécois «pure laine»? ». {Note from fem_progress: The readers’ comments under the article are also interesting. Most of them if not all are saying the article and Thériault’s analysis are BS. I think some people are trying hard to make us believe Québécois whose ancestors do not go back
10 generations here are not accepted. Québec has changed a lot since I was young, and I am quite happy about that. Most schools welcome kids from all kinds of horizons. That breeds integration.}

In response to Catherine Girard’s article published on Tuesday, “A ‘pure laine’ québécois spring?” [Translator’s note: “pure laine” means literally pure wool and is an expression referring to citizens who are of original French-Canadian ancestry.]

Unfortunately, it’s just like déjà vu…Once again, the non-“de souche” [Translator’s note: like pure laine, de souche, meaning old stock, refers to people who are French-speaking and {whose ancestors} have lived here for many generations] must justify their existence and defend themselves against the “pure laine” prejudices.

Let’s be honest, the gratuitous and unfounded comments made by sociologist Joseph Yvon Thériault, who alleges that the current Québécois protest movement is mainly de souche, only reinforces the fascist cause in Quebec. Himself belonging to the pure laine majority, he could have thought twice before speaking up about minorities, whom he clearly demonstrated to know nothing about.

Firstly, his intervention (which, for some reason has earned him a soapbox) has the result of making the allophones and anglophones who actively participate in the current movement invisible, but also has the effect of erasing the work of the activists who belong to groups (such as CUTV) who have worked alongside other Quebeckers for many years, laying the groundwork for the current revolt. It should be noted that it is in these so-called minority milieus that the most elaborate form of anti-racist and anti-colonialist analysis can be found, one which the most engaged students associations have adopted (also note that these associations have been founded on solidarity… what a concept!). And the police officers who expound racial slurs and pose racist gestures against protesters, are they hallucinating?

Secondly, his commentary exposes the unhealthy dynamic here in Quebec that makes it acceptable that citizens who are considered second-tier (a portion of whom have witnessed atrocities no Quebecker will ever see) must justify themselves on top of battling daily and systemic racism. This “well-intentioned racism” is the self-proclaimed progressive pure laine’s blind spot, that only reproduces the dominant system’s power relations. Would quoting a male public figure (Amir Khadir, the good immigrant) be simply a coincidence? Moreover, do you think that Amir Khadir gets out of bed just to express himself on behalf of his cultural minority?

Asking this question makes obvious the extent to which Québec’s debate on interculturalism is retrograde. It is even more insulting when a large number of people who use public transit (while reading this paper) are themselves members of cultural minorities. Do not believe that the present movement is uniform and homogeneous. Otherwise, you will be surprised by our demands and by the way we perceive the future of our society.

Have you heard the casseroles in Parc-Extension, in Côte-des-Neiges, around Concordia? Wake up!

Letter signed by: Sophie Le-Phat Ho, Kevin Lo, Faiz Abhuani, Amber Berson, Dominique Desjardins, Gwenaëlle Denis, Farha Najah

Translated from the original French by Translating the printemps érable.

*Translating the printemps érable is a volunteer collective attempting to balance the English media’s extremely poor coverage of the student conflict in Québec by translating media that has been published in French into English. These are amateur translations; we have done our best to translate these pieces fairly and coherently, but the final texts may still leave something to be desired. If you find any important errors in any of these texts, we would be very grateful if you would share them with us at translatingtheprintempsderable@gmail.com. Please read and distribute these texts in the spirit in which they were intended; that of solidarity and the sharing of information.

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KUDOS FOR YOUR WORK. Appeared originally here http://www.quebecprotest.com/post/24338451780/another-reason-to-be-outraged-journal-metro

Pushed to the Left and Loving It: Stephen Harper and the Devil You Might Not Know

Send a Valentine to Harper and your MP ~ Envoyez une carte de Saint-Valentin à Harper et à votre député fédéral

ENGLISH BELOW

Dans le cadre de la campagne Non à la prorogation et à titre de suivi,  je propose l’action suivante : envoyons tous une carte de Saint-Valentin à Stephen Harper et à notre député fédéral avec la mention :  J’AIME LA DÉMOCRATIE – NON À LA PROROGATION – RETOURNEZ AU TRAVAIL! I LOVE DEMOCRACY – NO TO PROROGATION – GET BACK TO WORK!

Liens pertinents

TRANSLATION

As a follow-up action to the No to Prorogation campaign, I propose the following action: let’s send Stephen Harper and our MPs a Valentine Day Card with the following message :  J’AIME LA DÉMOCRATIE – NON À LA PROROGATION – RETOURNEZ AU TRAVAIL! I LOVE DEMOCRACY – NO TO PROROGATION – GET BACK TO WORK!

Relevant links

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Another explanation for the prorogation?

Mr. Lloyd Fournier, Deputy Chief of Political Affairs, Algonquin Woodland Métis Anishinabek Tribe (AWMAT) of the Eastern Woodlands of Canada, writes me this email :

« Read what we have had to say about grave events about to take place in Vancouver. Our position (published on our page) gives a more likely explanation for shutting down parliament. The next few weeks are likely to become a major international incident – right on Canadian soil. Each side is moving steadily towards a major confrontation. We continue urging our Aboriginal brothers and sisters to avoid such a confrontation. Experience tells us that when such a thing happens as it did at Ipperwash in Ontario; lives can be lost. We have read requests from our Aboriginal brothers and sisters for some serious medical supplies that may be rerquired when and if a confrontation takes place. On the other hand, we are watching an inordinate amount of RCMP, Vancouver police and CBSA focus on Vancouver.

When and if such a confrontation does take place, we believe that Prime Minister Harper does not want such things discussed (as they surely would be) in a sitting parliament. Instead, the government will want to avoid this until the spin doctors can implement some sort of damage control – as was tried by (then) Premier Harris in Ontario.

Let us all ask the Creator to steer our people away from an event that has the potential to set back our positive work in the area of political activism. These are very dark days for our people and for this country. »

He is referring to  « Our Official Position on Potentially Violent Actions in Vancouver« 

Premiers manifestants antiprorogation pour Harper — mais pas les derniers, c’est sûr!

CAPP — A second wave of action is in the works

http://www.facebook.com/group.php?gid=274918746064&ref=mf&v=info#/group.php?v=wall&ref=mf&gid=274918746064

There are also anti prorogation rallies being organized in other countries. According to Emily Dee:

« International Rallies for Canadians Against Prorogation are taking place in New York, Dallas and London, England. We’ve gone international and have members from the Netherlands and Germany. We’re not alone in our fight for democracy. Join and tell your friends to join. Let’s make it a day to remember. »

And do you realize Stockwell Day — a high school graduate — has been named president of the Treasury Board? You can count on senseless budget cuts!

« A historical parallel to 1930s Germany?
There is an ominous rough parallel to prorogation, namely Article 48 of the Weimar Republic in 1930s Germany. It was a provision that functioned similarly to Canadian prorogation, intended to be invoked only under certain emergency conditions, but these were not clearly enough spelled out; the first use of Article 48 to suspend the German parliament was over the government of the day’s inability to obtain a parliamentary majority for its financial reform bill, which was voted down by the Reichstag, with the result that the bill was stalled in debate. The government, however, did not seriously try to negotiate with the Parliament to find a modus vivendi. Instead, Article 48 was invoked, but the Reichstag voted to invalidate that move, with the result that the Chancellor was forced to call an election. So far so good. The result of the election however was a more fragmented parliament with no clear majority, so that each time there was a governing crisis that did not favour the ruling party, Article 48 would again be invoked, most significantly when it was used by then Chancellor Adolph Hitler when he couldn’t get the existing coalition to do his bidding. There followed what was to become a single party (Nazi) dictatorship in which civil liberties were curtailed and a police state instituted. It all started with the use of the German equivalent to prorogation. »
http://noprorogue.ca/

Harper gets his first demonstrators – but not his last, believe me!

The people in Toronto had very little advance notice that Harper would be there. Getting 35 people in those conditions and in the winter is quite good!

Report from CBC (if you see other reports please feel free to add them in the comments I’ll update this entry).

Anti-prorogation protesters greet PM in Toronto

From the Globe and Mail

Anti-prorogation protest dogs PM

Canada a banana republic without the benefit of fruit? Not if we can help it.

Harper is in Toronto this afternoon – your chance to speak your mind about prorogation

Please circulate this as widely as possible if you know people in the Toronto area

Stephen Harper in Toronto on Wednesday
Let him know how you feel about prorogation. Join the picket.

Stephen Harper will be in Toronto on Wednesday afternoon to attend a roundtable meeting with the C.D. Howe Institute. Canadians Against Proroguing Parliament (Toronto) will be there to meet him, and to let him know how we feel about prorogation. We invite you to join us! Don’t let Harper get away with shutting down Parliament.

Picket against prorogation
Wednesday, January 20
Meet at 2:00pm (SHARP)
In front of C.D. Howe Institute
67 Yonge Street (on the sidewalk)
Downtown Toronto
TTC: King

Bring banners, placards or homemade signs. We’ll bring information leaflets. Spread the word. See you there!

For more information, e-mail noproroguetoronto@gmail.com.

Don’t forget this Saturday’s city-wide rally and march: Saturday, January 23 at 1:00pm at Yonge-Dundas Square. The Toronto rally is organized by Canadians Against Proroguing Parliament (Toronto), a grassroots, non-partisan movement of ordinary Canadians that emerged in response to Harper’s decision to prorogue Parliament. All are welcome to join us.

http://noprorogue.ca/
noproroguetoronto@gmail.com
http://twitter.com/NoProrogueTO/

noprorogue.ca
“When a government starts trying to cancel dissent or avoid dissent is frankly when it’s rapidly losing its moral authority to govern.”Stephen Harper, Canadian Press, April 18, 2005
Publié dans Antifascisme, Économie, Canadian Politics, Democracia, Democracy, Job Creation, Journalisme citoyen, Médias progressistes, Philosophie politique, Politique canadienne, Seen and read on the WWW, Vu et lu sur la toile. Étiquettes : , , , , , , , . Commentaires fermés sur Harper is in Toronto this afternoon – your chance to speak your mind about prorogation

Enlightened comments about Harper and prorogation

I am merely reproducing what someone else wrote on http://www.theglobeandmail.com/blogs/bruce-anderson/how-to-make-prorogation-stick/article1425815/

Watch this CTV report by Robert Fife:
There is a pattern of Harper shutting things down if doesn’t like something and potential for a crisis because it appears that Harper is attempting to stifle democracy in Canada.

Watch the CBC At Issue panel:
There are genuine reasons to be very concerned about the health of Canadian democracy.
http://www.cbc.ca/thenational/indepthanalysis/atissue/story/2010/01/07/national-atissue-010710.html
The Calgary Herald headline for the following article: In proroguing Parliament, Harper accused of undermining democracy.
http://www.calgaryherald.com/news/proroguing+Parliament+Harper+accused+undermining+democracy/2424355/story.html

What you can do:
1. Email and phone your Conservative MP constantly to request a meeting in his/her constituency office, keep track of correspondence and responses, be persistent, make them work at home, tie up his/her time meeting with constituency work, be creative, but make them be in the office meeting with you and other constituents;

2. Start a “Boo Harper” campaign on Facebook and Twitter, to boo whenever he or one of his Ministers appear at an Olympic event in BC;

3. Send an email to the Governor General info@gg.ca with the Subject heading:

RESIGN!
Dear Governor General:
You are doing a fantastic job handing out awards and anniversary greetings, as well as, traveling around the country and the world, however, your real job is to be a check in our Constitutional system of government and to protect the institutions of democracy that make it accountable to the people, on this responsibility you have failed and weakened our democracy, therefore, I request that you resign since you have abdicated your Constitutional duties Canadians have entrusted in you.

Canadiens opposés à la prorogation du Parlement – section de Montréal

Canadians Against Proroguing Parliament Montreal Chapter – Facebook Group

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Des affiches magnifiques inspirées par Barack Obama

Poster réalisé par Jason Urban

Poster réalisé par Jason Urban

Des artistes sont inspirés par les élections américaines et en particulier par le grand vent d’espoir qui se lève avec le sénateur d’Illinois, M. Barack Obama.

Certaines de ces œuvres sont appelées à devenir, d’après moi, de grands classiques des arts visuels, au même titre que les affiches d’Andy Warhol ou le célèbre poster de Che Guevara.

C’est à voir ici. Vous devrez peut-être tronquer l’adresse et naviguer dans les menus du site pour voir les affiches, mais je n’y peux rien.

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Mots d'encouragement à un autre blogueur

Image : NASA. On y voit la concentration de la pollution lumineuse dans les pays développés.

M. Jimmy Saint-Gelais (Pour que demain soit) se demande aujourd’hui « bloguer ou ne pas bloguer?»

Voici ce que je lui ai répondu :

Le premier billet sur mon blogue (qui n’a pas encore un an) s’intitulait «Pourquoi bloguer quand il y a tant à faire». On se rejoint…

Bien sûr qu’il faut continuer!

Il faut faire ce qui est juste, il faut faire notre devoir d’êtres humains conscients, simplement parce que c’est juste et non pour avoir quelque chose en retour. C’est déjà quelque chose d’accomplir son dharma (devoir) dans un monde qui cherche trop souvent la gratification instantanée et qui a trop tendance à fuir ce qui est difficile.

Il faut le faire aussi par amour (agapê) pour nos frères et soeurs humains. Par amour pour notre mère la Terre, aussi.

Ne sous-estimez pas l’effet de votre résistance à la décadence, à l’entropie ambiante. Nous sommes solidaires pour l’essentiel, même si nos points de vue diffèrent sur les détails. Ne sous-estimez pas la force que votre exemple sur votre entourage, vos enfants par exemple, si vous en avez.

Moi je vais continuer à vous lire, car vous me remontez le moral!

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You may say I’m a dreamer
But I’m not the only one
I hope someday you’ll join us
And the world will be as one
— John Lennon, Imagine

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Volontaires demandés pour un poste de webradio progressiste

Je revendique la maternité de cette idée car je suis la première à en parler.

On devrait se mettre ensemble, plusieurs progressistes, et créer un poste de radio Web (musique et parole, invités, même bulletins de nouvelles si on veut). Ça prend de la bande passante, par contre, mais on pourrait ramasser des dons avec Paypal. On pourrait mettre un lien vers la page d’accueil du «poste de radio» sur nos sites et se partager les heures d’antenne en tant que disk-jockeys et animateurs. Je suis prête à collaborer. J’ai toujours rêvé de faire de la radio!

J’ai quelques idées sur ce que ça prend mais il va falloir que je fouille, que je vérifie combien ça coûte et que je jase avec un ami informaticien pour savoir ce que ça implique côté ressources et manière de travailler.

Pour que la station soit en ondes assez d’heures par semaine, il faut qu’on soit au moins 12 personnes, de préférence plus (il y a 168 heures dans une semaine!).

Ce serait le fun qu’il y ait différents genres de progressistes — ex. skins antinazis + ska, moi je mettrais du reggae, world beat, Buena Vista Social Club, Wyclef Jean, jazz — ce serait correct d’avoir des styles différents!

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